Lors de la visite des vignobles, rien ne semble plus simple et naturel que le monde du vin. Des vignerons accueillants invitent les amateurs à apprécier la beauté de leur terroir autour d'un verre. Les meilleurs arborent fièrement leurs ongles violets, preuve que tout commence à la vigne.
Pourtant, le monde du vin reste intimidant pour de nombreux amateurs. Ayant passé les 15 dernières années à tenter de le démystifier par l'éducation et les médias, c'est un point qui me préoccupe. Pourquoi le vin est-il devenu si exigeant ? Il n'est pas nécessaire de tout comprendre pour l'apprécier. C'est aussi le cas en musique et en art.
Le faste et le faste qui l'entourent laissent souvent une impression de mystère. Les dégustations à l'aveugle, une pratique courante chez les œnologues, n'en sont qu'un exemple. Lorsque j'enseigne aux débutants, j'aime comparer les dégustations à l'aveugle à un mystère. Il s'agit de recueillir des indices pour pouvoir rendre son verdict. La conclusion finale consiste à évaluer la qualité du vin ainsi que sa provenance (cépage, région, millésime).
Eh bien, dit comme ça, cela paraît intimidant et difficile à atteindre. Tel un super talent dont seules quelques personnes sont dotées, ce n'est pas forcément vrai. Un dégustateur à l'aveugle doué est quelqu'un qui est capable de faire le lien entre la théorie apprise et ses sens. La mémorisation des deux est impérative.
Lorsque nous étudions le vin, nous apprenons comment chaque cépage se comporte dans un climat et un terroir spécifiques. Les indices commencent par la couleur. Par exemple, quoi qu'il arrive, le Pinot Noir sera toujours plus pâle que le Cabernet Sauvignon. La couleur évolue également avec l'âge. Les rouges pâlissent et les blancs prennent de la couleur. Ensuite, nous reniflons. Nous sommes entraînés à reconnaître les différents arômes associés à chaque cépage et leurs nuances selon le terroir et le climat. Si vous avez une bonne mémoire et une bonne sensibilité, vous avez de la chance ! En bouche, en plus de goûter les saveurs, vous évaluez les composantes du vin. Le niveau d'acidité, d'alcool et de tanins (pour les rouges) contribuera à l'évaluation.
Outre l'identification du vin, comment savoir si un vin est bien fait ? Si le vin présente une bonne concentration d'arômes et que tous ses composants (acidité, alcool, corps, tanins) sont équilibrés, on peut dire qu'il est bien fait. C'est une observation objective, car il faut faire abstraction de ses propres préférences.
Oui, cela demande du temps, du travail et de la persévérance. Mais je crois que c'est accessible à tous. Alors, la prochaine fois que vous verrez un sommelier agiter, humer, goûter et deviner, ne vous laissez pas intimider. Appréciez simplement le fait qu'il mette ses propres compétences à l'épreuve. Une accumulation d'années de travail et de formation. Santé !